(Je préviens : tout est véridique et peut choquer)
Moi : Rue Belliard s'il vous plait.
Taxi : Pas béjoin dé mé dire, jou chais ou est botre roue, ch'est youchte derrière les boulebards intérioures !
Moi : C'est que ...
Taxi : Les jounes sans le GPS ils sont perdou, mais nous les anchiens on connait Paris par coeur !
Moi : Vous avez l'air d'aimer votre métier.
Taxi : Yé l'adore !
Moi : Vous aimez quoi ?
Taxi : Tout ! C'est oune métier favouleux ! La boitoure, l'atmochphère de la bille, les rencontres... IL n'y qu'en takchi qu'on fait de telles rencontres!
Moi (génial, je suis tombé sur un poète, un amoureux de la vie !) : Comme par exemple ?
Taxi : L'autre your je bois oune belle noire sur le trottoir, mais bonne comme oune scoulptoure. Yé sent qu'ch'est pour moi. Yé ralenti, elle mé fait chigne et elle monte. Elle mé dit "Neuilly !". Yai un peu roulé, yai senti que c'était pochible alors yé loui ai dit " yai enbie dé té soucer et dé té niquer". Bous chabez ché qu'elle a fait ? Hé bé elle a choulevé chon chemisier et yé loui ai souché les cheins ! Ch'est pas beau ? Bous riez ?
Moi : Je ris parce que j'ai écris une nouvelle il y a 10 ans qui raconte exactement ce que vous venez de me dire...
Taxi : Imaginez que yai commenché à trabailler à l'oujine à 18 ans et cha fait 51 ans que yé trabaille. Yai 60 ans et yé trabaille 7 jours sur 7 dépouis 25 ans dans les takchis. Y'adore trabailler. Yé chouis un fou de trabail. Yé prends youste oune mois et demie l'été pour aller dans ma maijon à Lijbonne. Pourquoi yé prendrais ma retraite alors qu'il y a partout des gajelles qui beulent che faire niquer ? Moi yé souis libre, yé m'arrête là maintenant si yé beux, je bais niquer et je rebiens trabailler, ch'est formidavle non ?
Moi : Vous vivez seul ?
Taxi : Yai oune femme à la maison. Quand elle était maigre cha allait, mais elle est débénue très groche alors yé bais boire ailleurs, ha ha ha.
A cette instant, j'ai sursauté car une rafale de mitraillette a balayé trois fois de suite la voiture. C'était la première fois que j'entendais une sonnerie de téléphone aussi violente.
Taxi : Chétait mes deux grandes filles qui me chouaitaient oune bonne anniberchaire !