
Ils sont assis en seiza, tous penchés sur leur ouvrage. Ca tranche, ça effile, ça coupe, ça bisaute et surtout ça tresse. Ils sont 20 en tabliers de toile avec leur oeuvre de vannerie en bambou dans les mains. Devant eux, une bassine d'eau et un chalumeau. A gauche leurs outils et, à droite, un fagot de lames non dégrossies. Au fond de la salle, face à eux, Maitre Yu Fu, masse carrée en tablier de cuir avec pour seul outil une paire de ciseaux à bonzais et une longue machette. Chaque élève passe lui demander conseil. Ses mains comprennent aussitot le tressage en cours et, sans un mot, en quelques mouvements étourdissants, les fines lamelles ont retrouvé les bonnes intersections. Je regarde tout cela ébahi puis je prends un feutre pinceau et saisi l'homme-savoir-faire dans son mouvement. Je n'ai pas vu que les élèves avaient tous plié bagage et les voilà autour de moi poussant des Ooooh et des Aaaah. Soudain le maitre est là lui aussi. Je signe et tamponne rapidement et, toujours à genoux,lui tends le dessin à deux mains en signe de présent. Ooooh et Aaaah font les élèves. La face de coffre fort s'illumine et se précipitant vers une vitrine du musée, il l'ouvre...