Pam Sedai est une femme géniale. Cette écrivain-poète de San Francisco s'installe dans les rues avec son sourire et sa vieille machine à écrire mécanique et, pour un dollar, vous écrit un poème en direct sur le thème de votre choix. Je l'ai rencontrée au croisement de Market Street et Mac Allister et lui ai proposé le thème du vide, emptiness, ou KUU en japonais.
Voici sa création qui pourrait tout à fait trouver sa place dans les pages de KUU #3 qui se nourrit de ce type d'échange :
KUU
How wabi sabi
How the silence
Fills my holes
Perfectly ugly
My emptiness
Is welled with
Precious nothing
Et ma traduction, très approximative :
KUU
Comment le beau-laid
Comment le silence
Emplit mes alvéoles vides ?
Parfaitement laid
Le puits de ma vacuité
Se nourrit
D' un fabuleux rien
Jacques Rancourt directeur de la revue La Traductière saura certainement m'éclairer sur ce difficile passage d'une langue à l'autre...
La réponse de Jacques Rancourt ne s'est pas faite attendre :
Merci pour ce partage d'été. Un beau poème, for sure !
Après relecture, voici la traductions modifiée que je te suggérerais. Je pense qu'il n'y a pas lieu de traduire "wabi sabi", qui vient de la culture japonaise et que Pam Sedai a conservé tel quel. Par ailleurs en poésie, et d'autant plus en traduction lorsque le texte d'origine se conforme à cette règle, il vaut mieux partir d'un principe d'économie tout simple : lorsqu'on a un nom accompagné d'un adjectif, c'est en général que l'on n'a pas trouvé le bon nom, et de même pour un verbe accompagné d'un adverbe ; cela permet de "serrer le jeu", et d'épouser de plus près le rythme, voire la sonorité, du texte original.
KUU
Comme le wabi sabi
Comme le silence
Comble mes failles
Parfaitement laide
Ma vacuité
Tire beauté
D'un rien précieux
Merci beaucoup Jacques pour ta traduction. C'est évidemment bien meilleur et vraiment poétique. C'est la première fois que je suis
confronté directement à ce problème et je prends ton aide comme un bel enseignement de la simplicité.