merci pour ton invitation à la "création de la force unitaire de l'autre gauche" pour "contester le capitalisme et l'ordre dominant".
Je ne viendrai pas à cette invitation car voilà le problème qui se pose : un esprit qui a été conditionné à un idéal, à la culture communiste, à la lutte, au combat, aux rapports de force, aux clans, aux étiquettes, aux alliances, au militantisme.... un esprit façonné autant par l'idée d'espoir (le devenir, le désir, les objectifs) que par les croyances et les peurs, est-il capable de s'arracher à lui-même et donner naissance à un esprit neuf ?
Le vieil esprit, c'est essentiellement celui qui est soumis à l'autorité. Il ne s'agit pas ici du mot autorité au sens légaliste du terme. J'entends par là, l'autorité sous forme de tradition, de savoir, d'expérience; l'autorité en tant que moyen de trouver la sécurité, tant sur le plan intérieur qu'extérieur, car en définitive tout ce que veut l'esprit, c'est se sentir rassuré, à l'abri de toute perturbation. Cette autorité nous nous l'imposons nous-même, sous forme d'idées (le marxisme, le capitalisme ), d'idéaux ( l'avenir, le communisme ). L'idée n'est pas un fait réel mais une fiction; certes on peut y croire (rassembler des fervents, faire de grandes messes), mais ce n'en est pas moins une fiction. Dieu ou le communisme sont des fictions; nous pouvons toujours y croire, pourtant ce sont toujours des fictions. Il faut dissoudre la fiction, car le vieil esprit est celui qui craint, qui est ambitieux, qui a peur de mourir mais aussi de vivre, que les relations effraient et qui, toujours, consciemment ou inconsciemment, est en quête de permanence, de sécurité.
Nulle autorité ne peut m'apporter la connaissance de ce que je suis. Sans la connaissance de soi, nul ne peut être libéré ni de l'ignorance ni de la souffrance. Et la connaissance de soi commence par une perception humble et lucide (intérieure et extérieure) de ce qui est, sans aucun jugement. L'autorité de l'idéal (idéal du père, idéal de la mère, idéal de société), de l'idéologie, de l'homme politique, de l'étiquette, nous détourne du problème fondamental qui est le conflit à l'intérieur de nous-même.
Se transformer soi-même c'est transformer le monde, parce que le moi est à la fois le produit et une partie intégrante du processus total de l'existence humaine. Pour se transformer la connaissance de soi est essentielle; se connaitre tel que l'on est et non tel que l'on désire être.
Pour se connaitre il faut donc se libérer de toutes les idéalisations, ici et maintenant, et ouvrir nos yeux et nos oreilles.
Mais nous ne voulons pas nous connaitre et nous préférons adopter un système qui garantisse un résultat. Nous sommes toujours dans le DEVENIR (dans la fiction) jamais dans l'ETRE (ce qui est, toujours en mouvement, neuf d'instant en instant). Nous avons peur de la liberté et nous retombons dans les méthodes et les processus, ce qu'annonce votre flyer ci-dessous...
Ce sera donc sans moi.
Art-micalement
Ivan Sigg ( discutant avec JK )
