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Blog d'Ivan Sigg

Blog d'Ivan Sigg

Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Alain Badiou et ses poncifs sur l'amour

Publié par Ivan Sigg sur 1 Mars 2011, 09:47am

Catégories : #philosophie

Alain Badiou vient de faire paraitre avec Nicolas Truong "Eloge de l'amour".


Non Alain, l'amour n'est pas "une expérience", c'est, comme la liberté, un mouvement qui se renouvelle d'instant en instant, toujours neuf donc, ne laissant ni trace, ni blessure, ni refoulement, ni mémoire. S'il y a fixité, trace, blessure, expérience ou mémoire, ce n'est pas l'amour.

 

L'amour est vulnérabilité psychique, attention totale à l'autre, respect, humilité, absence d'image et d'idéal, de mesure et de comparaison, de jugement, d'identification, d'attente et d'attachement. Car tout ceci c'est le processus de la pensée (qui est vieille et limitée). L'amour n'est pas une réaction.  L'amour n'est pas de l'ordre de la pensée (qui est une réaction de la mémoire).

 

Non Alain, aucune "menace" ne "pèse sur l'amour". Il n'y a pas à le "défendre" ni à le "réinventer". Voilà encore des projections de la pensée. Pour voir le beau, il ne faut pas analyser, réfléchir ou théoriser, il faut entrer en perception avec tous ses sens. Pareil pour l'amour.

 

Non Alain, l'amour n'est pas "une modalité d'accès à l'Idée". L'amour, c'est l'accès au réel. L'idée est une image (une illusion) entre soi et et l'autre, entre soi et le monde. L'amour, comme la liberté, est une perception directe et totale de l'autre (et des autres), dans la relation, sans le mot et sans l'idée.

 

Tu écris "la sexualité se termine dans une sorte de vide". L'amour, comme la sexualité est un vide de mots, de pensées et de mémoire psychologique (il y a bien  sûr une mémoire technique dans la sexualité :) , un vide qui permet le surgissement du neuf.

 

Non Alain, l'amour, comme la liberté, n'est pas "un projet", "une expérience", "une construction", "une épreuve". C'est la découverte permanente de soi et de l'autre dans le miroir de la relation. Il y a mort et renaissance à chaque instant dans l'amour, comme dans la liberté. Aucune fixité, aucun centre, aucun point d'appui.

 

Non Alain, l'amour n'est pas "une aventure obstinée". Comme dans la liberté, il n'y a pas de répétition, de volonté, de vouloir, de tenacité, mais il y a une terrible  intensité, (une flamme qui brûle tout), une énergie créatrice folle et de la joie.

 

Non Alain, il n'y a pas de notion de temps dans l'amour (et donc de durée) car la liberté et l'amour sont des surgissements au présent, dans l'ici et maintenant. Le reste c'est l'élaboration psychique du moi dont la fonction est de nous rassurer (de la peur, du vide, de la mort), pas de l'amour.

 

Non Alain, l'amour n'est pas " une réinvention de la vie". L'amour, c'est la vie même dans sa richesse et son renouvellement permanent. La ré-invention est une illusion de la pensée qui crée le devenir : "aujourd'hui la vie est ceci, demain elle sera cela".

 

Pourquoi aimons-nous les histoires d'amour ? demandes-tu. Nous adorons le conflit, l'impossibilité de l'amour, le déchirement, les ravages du désir car, nous renvoyant à nos propres conflits, ils nous rassurent et emplissent notre vide intérieur. Notre cerveau est habitué au conflit depuis des millénaires, c'est notre conditionnement, il ne peut inventer l'absence de conflit, la vie hors du cycle plaisir/souffrance. La révolution consiste à dissoudre le conflit par la perception (l'inconnu) et non par la pensée (le connu).

 

Non Alain, il n'y a pas plus de "construction de vérité" dans la liberté que dans l'amour. La vérité ne se construit pas, c'est un mouvement, un surgissement. Essayez d'atteindre l'infini, si vous y arrivez ce n'est plus l'infini !

 

Le passé et le futur sont des illusions, il n'y a que ce qui est, toujours en renouvellement. L'amour, comme la liberté, n'a d'éternité que dans le champ infini du présent.

 

Wouahou ! tu fais un lien entre politique et amour, mais la politique a toujours un but, d'où les déceptions permanentes. L'amour et la liberté n'ont pas de mobile, ce sont des moyens, jamais des fins. L'amour et la liberté ne sont pas pour demain, ils sont là, aujourd'hui, dans l'attention totale aux autres. Encore faut-il n'avoir aucune image de soi et de l'autre, ni du monde.

 

Tu écris une phrase terrible : "En politique, il y a des gens qu'on n'aime pas, c'est irréductible (...) la lutte contre l'ennemi est constitutive de l'action". Ce faisant, ne construits tu pas à ton tour des frontières, des conclusions, des divisions et donc du conflit... la guerre en étant le corollaire ? Etrange pour un philosophe de l'amour et de la liberté.  Une révolution neuve peut-elle surgir d'une telle vision de la relation à l'autre ? et de l'amour donc ?

 

 

L'amour ne s'ouvre-t-il pas à tous, comme rayonnent la fleur, l'arbre, la vague, la montagne et le soleil, sans discrimination ? Et n'est-ce pas ce rayonnement qui peut transformer le monde ?

 

A suivre et à discuter

 

art-micalement

Ivan

 


 

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