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Blog d'Ivan Sigg

Blog d'Ivan Sigg

Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


La pensée : réponse inadéquate aux provocations de la vie

Publié par Ivan Sigg sur 18 Juillet 2011, 07:24am

Catégories : #philosophie

Un texte du pédagogue et philosophe Jiddu Krishnamurti (1895-1986) tiré du premier tome de "Commentaires sur la vie" (Buchet/Chastel) :

 

Question : Pourquoi la pensée est-elle si obsédante, si agitée ?

JK : La pensée peut-elle être en paix ? Elle peut penser à la paix et essayer d'être paisible, en se forçant à l'immobilité; mais la pensée en soi peut-elle être tranquille ? La pensée n'est-elle pas agitée de par sa nature même ? La pensée n'est-elle pas la réponse perpétuelle à une perpétuelle provocation ? La provocation ne peut cesser parce que chaque mouvement de la vie est une provocation; et s'il n'y a pas conscience de la provocation, alors il y a décrépitude et mort. Provocation-et-réponse, tel est le mécanisme de notre vie. La réponse peut être adéquate ou inadéquate; et c'est la réponse inadéquate à la provocation qui provoque la pensée avec son agitation. La provocation demande de l'action, et non des mots. Les mots sont la matière de la pensée. Le mot, le symbole, retardent l'action; et l'idée est le mot, de même que la mémoire est le mot. Il n'y a pas de mémoire sans le symbole, le mot (si c'est vrai pour les parties "limbiques et neocortex" de notre cerveau , il me semble que cette affirmation est fausse quant à la mémoire de sa partie "reptilienne" et à celle de notre "deuxième cerveau", le Système Neuro Entérique, ces 100 Millions de neurones qui tapissent notre intestin grêle. Question : une part de la mémoire est-elle sans symbole et sans mot...? Si un neurophysicien et un neuro-gastro-entérologue lisent ces lignes je serais intéressé par leurs éclairages) La mémoire, est mot, pensée; et la pensée peut-elle être la réponse adéquate à la provocation? La provocation (le stimulus du réel) est-elle une idée ? La provocation est toujours neuve, toujours nouvelle; et la pensée, l'idée, peut-elle jamais être neuve ? Lorsque la pensée affronte la provocation, qui est toujours nouvelle, cette réponse n'est-elle pas un produit de l'ancien, du passé ?

Lorsque le vieux rencontre le neuf, la rencontre est inévitablement incomplète; et cette imperfection est la pensée dans sa recherche inquiète de la perfection. La pensée, l'idée, peut-elle jamais être parfaite? La pensée, l'idée, est la réponse de la mémoire; et la mémoire est toujours imparfaite. L'expérience est la réponse à la provocation. Cette réponse est conditionnée par le passé, par la mémoire; une telle réponse ne fait que renforcer le conditionnement. L'expérience ne libère pas, elle renforce la croyance, la mémoire, et c'est cette mémoire qui répond à la provocation; ainsi c'est l'expérience qui conditionne.


Question : Mais quelle est la place de la pensée ?

JK : Voulez-vous parler de la place de la pensée dans l'action ? L'idée a-t-elle une fonction dans l'action ? L'idée devient un facteur dans l'action afin de la modifier, de la contrôler, de la façonner; mais l'idée n'est pas l'action, L'idée, la croyance, est une sauvegarde contre l'action; elle joue un rôle de contrôle. Modifiant et façonnant l'action. L'idée est un modèle pour l'action.

 

Question : Peut-il y avoir action sans modèle ?

JK : Jamais si l'on cherche un résultat. L'action en vue d'un but déterminé n'est nullement action, mais conformité à la croyance, à l'idée. Si l'on cherche la conformité, alors il y a place pour la pensée, pour l'idée. La fonction de la pensée est de créer un modèle pour une prétendue action, et par là pour tuer l'action. C'est ce que la plupart d'entre nous cherchent : tuer l'action; et l'idée, (l'idéologie), la croyance, le dogme sont autant d'instruments qui nous servent à la détruire. l'action implique insécurité, (risque) vulnérabilité à l'inconnu; et la pensée, la croyance, c'est à dire le connu,  est une barrière efficace contre l'inconnu. La pensée ne peut jamais pénétrer dans l'inconnu; elle doit cesser pour que l'inconnu entre en existence. L'action de l'inconnu est au-delà de l'action de la pensée; et la pensée, ayant conscience de cela, se raccroche, consciemment ou inconsciemment, au connu. Le connu répond toujours à l'inconnu, à la provocation; et c'est de cette réponse inadéquate, que naissent le conflit, la confusion et la souffrance. Ce n'est que lorsque le connu, l'idée, cesse, qu'il peut y avoir l'action de l'inconnu, qui est incommensurable.

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