" Drôle de roman que “L’île du Toupet” puisqu’à peine tournée la dernière page je me sens l’envie d’en recommencer la lecture, apte à en savourer enfin l’histoire après en avoir apprivoisé l’écriture et le langage.
Parfois butant sur les mots, accrochant, trébuchant sur certaines phrases, le chemin fut assez long avant que je puisse me sentir complètement à l’aise et que le texte s’écoule, fluide, laissant mon esprit libre d’accueillir toute la richesse et les multiples facettes de ce récit complètement fou.
Ivan Sigg a inventé une langue avec ce roman, quelque chose au delà du connu, quelque chose de neuf et donc quelque chose d’un peu “dérangeant”, qui secoue et bouscule dans un premier temps mais qui finit par ravir et enchanter. Une fois embarqué dans l’aventure il devient très difficile de s’en détacher et c’est un régal de partager la vie de tous ces personnages, de rire, d’aimer, de s’engager et de frissonner avec eux. Jamais très loin d’eux et de son lecteur, Ivan Sigg est là, lui aussi, l’auteur (mais aussi l’homme, le peintre, le père de famille, l’ami, le philosophe, le scientifique, le poète, etc, ...), et il a tant à nous dire, à nous conter (quel plaisir de passer d’une recette de cuisine à une remarque sur la physique quantique, de voyager de l’île d’Ustica au Kenya en passant par l’Inde et le siège de l’ONU, tout ça en mâchant du peyotl !), il imbrique des histoires dans l’histoire, il superpose les couches, jongles entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, et se joue de la narration pour offrir des points de vues différents sur son univers.
Elles sont nombreuses toutes les petites phrases à se cacher dans son récit ,comme laissées là par un petit Poucet, et qu’il faudrait surligner de jaune fluo car riches d’enseignements et de sagesse, de ces mots qui peuvent aussi aider à voir la vie et le monde autour autrement, mieux, plus justement (et j'aime aussi retrouver cela dans un roman).
Un aspect important de ce roman :
l'humour. On rit beaucoup, c'est souvent, très souvent, drôle, loufoque, inattendu, surprenant !
On finit donc heureux la lecture de “L’île du Toupet”, d’un bonheur qui ne doit rien à la facilité, fier d’avoir fait le chemin et d’en avoir bravé les difficultés (qui d'ailleurs, avec le recul, finissent par ne plus en être !).
Je souhaite à "L'île du Toupet" de se faire sa place (une belle place !) au sein des innombrables romans de cette rentrée !"
Eric Meyer