François : j'ai enfin regardé ton blog, c'est intéressant cette diversité et même
jubilant...
Ivan : merci pour ta visite et au poil ! si ça te jubile ;)
François : mais je préfèrerais voir des images matérielles...
Ivan : là, faut venir aux expos comme la prochaine qui aura lieu le 9 février à 18h aux "4 éléments" 149 rue
Amelot, et qui sera le lancement de KUUn°1 (le 2ème numéro de la revue biannuelle que je commets avec mon ami Eric Meyer).
Sinon, ma dernière expo vient de se terminer à la Halle Saint Pierre...
François : Tu sais, les couleurs à l'écran sont trop flaschies pour moi et je reste indécrottablement
attaché à la matière : papier, bois, toile,...
Ivan : hé hé, pourquoi mettre de l'énergie à repousser les choses ? Tout ça va de paire, de front, produit
par le même corps, papier+blog+photo+peinture+romans+carnets+verre gravé, ça s'alimente mutuellement... mais au fait, la matière c'est pas de l'énergie ? et la lumière c'est pas de la matière ?
Et si pas de lumière, pas de tableau... :)
François : pourtant il passe dans ces images une énergie et un enthousiasme
rafraichissants ainsi qu'une sorte de virtuosité qui (me) séduit, mais va-t-on au bout des choses quand on est aussi touche à tout ?
Ivan : Aller au bout des choses ? Ce serait avoir un but ou un idéal ? Je n'ai aucun but, aucun idéal et
aucune attente, aussi il n'y a aucune frustration ou déception à l'a clef. La liberté n'est pas une fin, elle n'est pas au bout, c'est un moyen, je la décrète là maintenant.
Je suis donc toujours "en recherche" (en acte en fait), m'affranchissant chaque matin en entrant dans l'atelier,
de ce que je sais ou pense. Dans l'instant de la création, dans le mouvement, au contact des matériaux et des outils (quels qu'ils soient), si je suis totalement attentif à ce que je fais alors
ça jubile à l'intérieur tu peux pas savoir ! Je ne souffre pas quand je crée, je m'éveille.
Etre attentif au monde sans le juger, c'est être en contact avec tout (toucher à tout ?), sans rien laisser de
côté, sans rejeter, ni m'identifier. Cet état là, ce " je perçois/agis donc je suis" est révolutionnaire, mais révolutionnaire à chaque instant, pas demain. Dans cet état de percevoir/agir, je
suis vrai, à ma place, intègre, responsable.
Si de surcroit ça rayonne ("énergie et enthousiasme rafraichissants" ?), alors je dis BINGO !
François : je me (te) pose la question sans être capable de risquer une réponse
amitiés.
Ivan : merci de m'aider à être,
art-mitiés.
Vos commentaires sur ce dialogue :
eMmA : C'est jubilatoire aussi de te lire ! Ca fait un bien fou, tu
sais... Grand merci.
Eric Meyer : C'est vrai que toutes ces techniques et ces outils ne s'opposent et ne se repoussent pas. Au contraire, il se crée des
liens, des ponts, des rapprochements. Le besoin aussi de chercher à les faire se rencontrer, se
mélanger. Matériel, immatériel, organique ou électronique, le résultat reste la production d'une image avec l'humain comme vecteur. Je crois que la revue KUU résume bien cette approche de notre travail. Ces images créées à l'atelier, récupérées ou croisées dans la rue, la presse, présentées sur
un blog, échangées, retravaillées, photographiées, ramenées au papier, dans
la revue, puis exposées... Quel voyage mais aussi que de possibilités pour ces images d'être vues et reçues
par d'autres ! Autant de sources de découvertes et d'émerveillements ! Alors il est vrai que l'on a
forcément des affinités avec certains supports et outils, mais le fait de s'aventurer ailleurs, pour moi, a toujours été source d'un véritable "enrichissement" personnel et artistique.