Deux haies emprisonnent
Le chemin qui me libère
Aubépine et houx
Chaque matin, au Centre Krishnamurti, nos pistes de travail sont données par une vidéo d'une conférence du pédagogue Jiddu Krishnamurti :
- Y a-t-il une action qui ne découle pas de la pensée ?
- La liberté est-elle une question de temps ?
- Qu'est-ce qui amène le désordre dans la relation ?
- Qu'est-ce qu'un esprit religieux ?
- Le mouvement de la méditation
- Peut-on observer sans penser ?
Nos dialogues qui suivent ces vidéos sont souvent très conflictuels et nous avons tout loisir d'observer "le désordre (s'installer) dans la relation" sans vraiment comprendre pour l'instant les dynamiques qui le fabriquent.
Il faut dire que l'absence de facilitateur (ou d'observateur neutre et bienveillant) est très dommageable.
Je pointe cependant des (dis)fonctionnements récurrents :
- Le non respect de la parole de l'autre
- Les longs monologues personnels allourdis par les répétitions
- Le mutisme total de certains (le groupe n'instaurant aucune règle pour leur offrir la parole)
- L'escamotage soudain d'une question par la proposition d'un autre sujet (fonctionnement souvent inconscient)
- Le ping pong verbal qui va crescendo entre deux personnes (sans que quiconque le tempère ou y mette fin)
- L'écoute partielle qui transforme les propos
- La citation de "l'enseignant" assénée comme une preuve
- La réponse/réaction qui fuse ne laissant ni espace ni silence pour qu'un propos trouve sa place
- L'affirmation qui remplace toute question a l'autre pour mieux le comprendre
Les sujets que nous avons abordés dans nos dialogues sont passionnants :
- " Quand il y a un problème, qu'est-ce que je fais ? "
- " Qu'est-ce que veut dire agir dans l'urgence ? "
- " Voir le centre qui fait problème " je développe la métaphore de la chèvre attachée a son poteau au milieu d'une clairière entourée de forêt.
- " Qu'est-ce qu'une pensée illimitée et qu'est-ce qu'une action illimitée ? "
- " Qu'est-ce que ma liberté ?"
- " Pourquoi n'y a-t-il pas de conflit à table, en petit groupe ou en balade et pourquoi surgit-il dans la salle de dialogue ? - " Quitter le groupe est-il une violence faite aux autres ? "
- " Doit-on instaurer des règles de parole ? "
J'observe que chaque fois qu'une compréhension va surgir (par mutualisation de nos observations ) , qu'un éclairage est sur le point de naître ou qu'une fluidité ( une légèreté ? une joie d'être là à échanger ensemble ?) s'installe dans le mouvement du dialogue, aussitot l'un de nous juge qu' "il y en a assez de ce sujet ", " qu'on sort du vrai dialogue Krishnamurtien", "qu'on est dans le passé, dans l'analyse, dans la métaphore, dans l'attachement", " voire décrète que " ce n'est pas intéressant" et sort en claquant la porte.
Comme si la liberté et l'émancipation nous effrayaient et nous trouvions toujours une stratégie (le plus souvent inconsciente) pour rester dans le cocon, pénible mais rassurant du conflit (car durable et connu).
Certains par peur du conflit le fabrique et par peur de le perdre l'entretiennent.
Ne sommes-nous pas très nombreux à le trouver naturel et faisant partie de la vie et de la nature humaine ?
Quelle perte d'énergie...