Ricardo Salvador est le digne fils de Boris Vian, Frédéric Dard et Michel Audiard (Aviez-vous lu la Zygène de la filipendule ?)
Il vient de commettre un polar fendard aux éditions Ravet-Anceau !
Sous titre : Course poursuite sur les falaises d'Étretat.
Je me suis régalé à cavaler derrière Hortense et Katia parmi les méchants et les trouvailles linguistiques (surgissant quasi au rythme de une par page, mais quelle santé langagière !)
En voici quelques unes :
P89 : une fortune douloureusement acquise à la sueur du front de leurs employés. Employés au demeurant ingrats et imperméables aux vicissitudes amères de la vie des financiers tarabustés par le fisc et les problèmes de stationnement inhérents aux grosses cylindrées.
P90 : Hortense paraissait dans ces lieux aussi incongrue qu'une langouste au salon de l'érotisme. Quoique.
P112 : je n'ai pas été danseuse à l'escalade de Milan ni au Bolchoï
P113 : un hall un peu plus grand que la Place Lénine, recouvert de marbre multicolore et peuplé de croque-morts obstinés à vous arracher les bagages des mains
P114 : se planta, immobile sur le pas de la porte en tendant la main comme s'il y avait une fuite au plafond
P116 : deux adolescents en phase terminale qui occupèrent leur périple à se nettoyer les cavités à grands coups d'appendice buccal.
P117 : ces comédons périurbains qui bourgeonnent sur le visage néonisé de villes déliquescentes, coincés entre un marchand de canapés hautement inflammables et un temple pour bricoleurs monomaniaques.
P118 : ne mettez pas la charrue avant la peau de l'ours
P120 : avec lui c'est une fois mort qu'on sentait le plus en sécurité
(...)
P180 : ses yeux à lui par un réflexe d'attraction quasi gravitationnel, plongeaient sur d'autres attraits bien plus prosaïques que les yeux de l'actrice.
P181 : à chaque fois que je le vois, je sers les fesses si fort, que j'ai mon Rimmel qui se met à baver.
P181 : oui hé bien tu prendras sur toi, tu feras comme dans tes films de jeunesse, tu les desserreras un peu tes fesses
Et puis respect, cet écrivain manie la figure du Zeugme à merveille, en plusieurs endroits, je xemple : "abandonnant les vestiges éparpillés de leur repas et tout espoir de retour à la civilisation"
Merci Ricardo pour cette bonne littérature irrévérencieuse et poilante.