Dialogue avec Johan Hufnagel, journaliste et numéro deux de la rédaction de Libération.
Ivan Sigg : j'aimerais comprendre une chose. Pourquoi la rédaction continue-t-elle à produire des UNE-Sommaires, vrai fourre-tout sans partis pris ?
Pourquoi ne réalisez-vous pas des UNEs-Choc que l'on n'oubliera pas ? des Une-Affiches (graphiques, artistiques) que l'on photocopiera et affichera sur les murs de la ville ? que l'on diffusera sur le net ? que l'on collectionnera ?...
Pourquoi ne pas faire des choix qui interrogent le lecteur et l'attirent vers le journal.
Laisser le donc trouver tout seul le sommaire en page 2
Voici ma proposition du jour avec utilisation du logo coupé en deux pour les dents de vampire et le mot FIN réalisé avec des pieux...
La peinture, le dessin et la typographie manuelle redonnent souvent de l'énergie à une photo trop souvent figée.
Johan Hufnagel : tout simplement parce que l'actualité ne mérite pas tous les jours un traitement choc, sinon on mettrait sur le même plan des événements qui ne le méritent pas. La fonction d'un journal papier est de créer une hiérarchie dans l'actu.
Ivan Sigg : et si l'on tentait de penser autrement ? Votre lectorat ne s'effrite-t-il pas ?
Alors tentons de penser autrement, ensemble, voulez vous ?
Vous posez comme une vérité que " l'actualité ne mérite pas tous les jours un traitement choc"
Je constate que le présent est toujours neuf et à célébrer comme un événement, comme un émerveillement, que ce soit la mort d'un acteur ou d'un jazzman, ou bien l'acte d'un anonyme ou d'un collectif. La vie est à célébrer au quotidien, dans son mouvement et non dans ses stagnations et ses fixités. Des UNEs créatives, ludiques, hautes en couleur et qui créent du sens, sont des actes journalistiques forts qui dissolvent les fixités, les rigidités, et éduquent le lecteur.
Qu'avez-vous à perdre ?
Le risque c'est de perdre le connu jamais l'inconnu.