Ma fille : Alors qu'est-ce que tu en as pensé papa ?
Ivan : C'est lamentable et triste.
Ma fille : Ah bon !? Mais qu'est-ce qui est lamentable ?
Ivan : C'est un cinéma sans relief qui fait passer le cocktail élitisme + mysoginie + jalousie + aigreur + revanche + désir de pouvoir + argent + drogue + fonds d'investissement pourris pour une histoire fascinante alors qu'il s'agit de la maladive inaptitude à la vie d'un nerd à la libido fossile (et de quelques autres) qui "vaut 25 Milliards de dollars aujourd'hui".
Ma fille : Pourtant c'est la réalité !?
Ivan : La réalité que l'on puisse faire du buiseness avec tout ? La réalité que même la relation humaine (ou le statut social) puisse devenir un vulgaire produit de consommation et d'accumulation ? mais on ne la connait que trop bien cette réalité. Le problème c'est : aime-t-on se regarder aller dans le mur ou pas ? Souhaite-t-on continuer à souffrir ou pas ? Quel paradoxe d'appeler ça "Social network" quand c'est l'élitisme et la compétition qui sous-tend toute cette affaire...
Ma fille : Au moins c'est bien raconté...
Ivan : Il n'y a aucune créativité. Pense à toute cette énergie négative mise par Mark Zuckerberg pour devenir "l'homme le plus connecté" (500 millions d'inscrits aujourd'hui) lui qui est incapable de ce faire une ou un ami ! Pense à toute cette énergie mise par le réalisateur David Fincher pour faire ce film à la gloire de compulsions maladives et de valeurs pourries ! L'art est cet outil fabuleux qui nous permet d'ouvrir les yeux sur nos processus de pensée viciés et nos systèmes de relation toujours basés sur la comparaison, le jugement, la compétition et le pouvoir. Ce film ne m'éclaire ni par sa forme ni par son contenu, n'ouvre aucune porte et n'offre aucune sève nouvelle.
Ma fille : Mais il ne peut pas y avoir de la créativité tout le temps et partout !
Ivan : Et pourquoi pas ? Quel conditionnement archaïque nous impose cela ? Pourquoi ne pas être attentif et créatif tout le temps, là, à partir de maintenant ?...
Ma fille : moi, j'ai aimé...
Ivan : Imagine juste comment Margaut, une jeune fille de 14 ans qui facebooque à tour de bras, et qui va
voir ce film avec ses copines, intègre les messages ambigus de ce film ?...