Un ministre ou un secrétaire d'état qui se dit "je dois être incorruptible" ou " je dois libérer la Tunisie de la corruption (c'est valable pour l'Egypte, l'Algérie ou la France) ", ou "Je dois combattre la corruption" n'est pas libre , mais celui qui dit : " J'observe le fait de la corruption pour comprendre toute la structure de la corruption" en observant directement par lui-même, trouve la liberté par cette observation, et non en cultivant par la volonté, l'opposé de la corruption (qui est de même nature).
Cultiver l'honnêteté quand on n'est pas honnête (avec soi-même, avec sa femme, ses enfants, ses parents, son voisin, son chien...) n'est pas la liberté, mais comprendre la nature et la structure de la malhonnêteté et rester avec, sans essayer de la réprimer ou d'aller au-delà, mais rester avec, l'observer, tout apprendre à son sujet, en percevoir instantannément la vérité, un tel esprit est libre à l'égard de la malhonnêteté comme de l'honnêteté. C'est cette perception qui est liberté et action, non pas le fait de cultiver le sentiment opposé.
Toute culture de l'opposé implique le temps. Or la liberté c'est le mouvement du présent, son surgissement toujours neuf.
La liberté n'est pas une fin mais un moyen.
La corruption ne peut finir que maintenant, pas demain.
Tandis que nous sommes assis là, toi le ministre, toi le secrétaire d'état, toi le jeune chômeur diplômé et moi l'artiste, observons chacun notre propre malhonnêteté, voyons si nous pouvons la voir au quotidien, si nous la percevons avec toutes ses ramifications. Quand nous la percevons complètement, cela en marque la fin.
(Ivan
discutant avec Jiddu Krishnamurti, pédagogue/philosophe indien 1895-1986)