"Décoiffants et ébouriffants, les premiers chapitres de L’ILE DU
TOUPET coupent le souffle. Le lecteur se cramponne à son gros pavé quand le Drumo Kassol percute l’île. Une myriade de personnages sont merveilleusement croqués en une trentaine de pages ; on a
l’impression de contempler l’artiste faire une suite de croquis à coups de feutres vigoureux et énergiques. C’est jubilatoire ! Face à cette multitude de portraits, le lecteur a les neurones
émoustillés, avançant à tâtons dans la nuit du grand désastre causé par le naufrage du paquebot et la destruction du village.
Des lapins Kar et Bar au coq Roger en passant par Jean le pêcheur et la Danièle, toute une ménagerie plus ou
moins humanisée surgit de l’ombre et vient camper le décor. Puis l’intrigue se noue, Max et Mouette, les deux protagonistes, surgissent des ondes plus classiquement, et le voyage fantastique au
pays des chauds lapins commence.
Magicien du verbe, Ivan fait apparaître des jeux de mots à tire-larigot. Forcément, la cuniculiculture est exploitée dans tous les sens du terme. La cohabitation des deux mondes, l’un humain et enterré, l’autre animal et en plein jour, est drôle et enlevée. Puis j’ai moins accroché quand les deux univers se rencontrent… Mais la langue riche et inventive, les métaphores explosives et pleines de résonances m’ont permis d’apprécier ce roman jusqu’à son happy end qui vaut bien plus qu’un pet de lapin ! Et comme un civet mitonné est encore meilleur réchauffé, j’ai hâte d’en faire une autre lecture pour en savourer encore et encore les trouvailles langagières. "
Emmanuelle Radiguer