Il n'y a aucune échappatoire, tous les personnages vont dans le mur. Le spectateur ressort avec une enclume sur la tête. Rien ne l'amène à comprendre les ressorts de la violence humaine, de la haine, du pouvoir, de la misère. L'éveil et la sagesse ne sont pas au rendez-vous. Gandhi n'apparait hélas que sur un billet de 1000 roupies. Et cerise sur le gateau, la conclusion poisseuse : "c'est écrit " !!!!
Je ne suis pas sorti de la salle en me disant "Wouahh, j'ai envie de faire du cinéma" mais avec l'envie d'aller me terrer chez moi en attendant que la tension retombe... et surtout pas l'envie d'aller en Inde (qui est un pays génial malgré toutes ces violences bien réelles).
Question : Dany Boyle ne se repet il pas de la misère, de l'ignorance et de la débilité télévisuelle (qui sont totalement liées aujourd'hui) : mépris du candidat, mépris du spectateur, montage et rebondissements de son film calqués sur l'évolution du jeu télévisé?
A part ça : Belles couleurs, bons acteurs, quelques beaux plans de ville et bonne musique, ce qui est le minimum que l'on puisse attendre d'un réalisateur.
Bruno De Baecque : Ivan je tombe sur tes lignes sur Slumdog millionnaire...
mais qu'est ce qui te prend à passer complètement à côté d'un film génial où il y a tout ce que tu décris, mais comme tu oublies l'essentiel, c'est à dire le point de vue, il ne te reste rien. Ce film est une fantastique parabole de l'intelligence qui pour avancer se sert de son vécu. J'y vois un écho à ce que je tente dans Vu sous cet angle, car pour bien regarder, il faut assumer son regard, donc son vécu. Toi après le film tu as eu envie d'aller te terrer chez toi, moi j'étais euphorique et quand j'y repense ça me fait du bien...
Ivan : L'intelligence (comme la liberté, la beauté, le bonheur, l'amour ou la vérité) entretient-elle un lien avec le connu, c'est à dire avec notre savoir, notre expérience, notre culture, notre conditionnement et donc avec notre vécu ?... L'intelligence n'est-elle pas le silence de l'esprit totalement attentif à la totalité monde, une perception toujours neuve ?
Alexis Monville : Sur le même sujet, Arundhati Roy était l'invitée de Courrier International (n°957) et n'était pas tendre sur le film.
"Le scenario est simpliste et les dialogues sont plus que médiocres [...] Ce film a pour seul effet d'aseptiser la réalité [...] le film décontextualise la pauvreté en en faisant un simple accessoire dramatique."
pour les abonnés : http://courrierinternational.com/article.asp?obj_id=95227
Bruno De Baecque : Le héros qui se sert intelligement de son vécu pour gagner là où selon les règles de la société dominante il doit perdre, sans doute possible, ça ne vous impressione pas plus que ça, visiblement car vous reprochez à ce film de ne pas être un documentaire sur l'Inde, ce qu'il n'est pas censé être, même si déjà il parle de l'Inde et en plus comme un excellent film peut le faire, il étend le sujet de la domination des pauvres, en l'occurrence par les organisateurs d'une émission télé, au-delà de l'Inde à tous les pays pauvres... Ce film que vous rejetez comme Ivan, moi je le trouve excellent, puissant, rare, majeur, violent, fin, drôle... comme une grande œuvre, qui m'a beaucoup inspiré. Plus que vous, visiblement ! (rire)
Muse (pseudo d'un courageux anonyme) : Pour être inspiré par ce film, il faut pas seulement regarder mais avoir du coeur, aimer l'autre et pas que soi et sa petite vie bien pénarde de bobo qui se le joue révolté avec ses maximes bien huilées d'intello d'ocasion