La flamme de la bougie

Conversation avec Alain et Véronique

Alain : je partage totalement ta vision des choses, cette "attention" dont tu parles c’est ce que l’on appelle aussi la méditation, mais comment faire, j’aimerais bien éprouver cela mais je pense que ça demande beaucoup d’exercice et de disponibilité.
Véronique : il faut beaucoup de volonté, de concentration et d’efforts et peut-être même des rituels pour accéder à cet état là.
Alain : Je dirais qu’il faut être libre avant tout. Moi je ne sais pas faire.
Ivan : Alors, soyons libre, Alain. Affranchissons nous de toute autorité, de toute résistance et de tout jugement. La liberté n’est pas une fin, elle est un moyen. La volonté, la concentration ou l’effort, Véronique, sont de l’énergie perdue. Mettons plutôt cette énergie dans la perception pour être créatif, c’est-à-dire pour participer au surgissement du présent. Pouvons-nous être totalement attentif, là maintenant, sans rituel, sans exercice, sans effort et sans but... Regarde la flamme de cette bougie posée sur la table, elle est différente à chaque instant, jaillissante, vive, sans fumée, elle nous éclaire sans faire de choix. Je vais utiliser des mots mais le silence conviendrait mieux : J’ai conscience de cette flamme & j’ai conscience des deux conversations qui se déroulent à côté de moi & j’ai conscience de nos regards et de nos gestes à tous les trois & de la nourriture que je savoure & de ce que je ressens intérieurement & du grésillement de l’huile dans la cuisine & de cette grande pièce qui ressemble à un cottage anglais & du jardin éclairé à travers la fenêtre & de la sonorité de mes mots &… voilà l’attention totale, elle est là ! Est-ce que tu as pensé un seul instant à tes soucis à tes colères ou a tes opinions pendant que tu observais tout cela ? Non ? alors tu étais comme moi tout entier dans l’instant.