La plupart d’entre nous ne s’intéressent qu’aux réformes. Nous constatons la pauvreté, l’accroissement des profits, et une multitude de formes de désintégration, de division et de conflit : que faire, face à tout cela ? Faut-il commencer par rejoindre les rangs d’un groupe, d’un mouvement, ou se mettre au service d’une idéologie ?
Que doit donc faire l’individu attentif, qui voit la nécessité d’une révolution psychologique immédiate et qui désire la mettre en œuvre ? Va-t-il œuvrer pour la mise en place de réformes dans le cadre de la société ? Celle-ci étant une prison, va-t-il se contenter de réformer la prison et de faire en sorte d’embellir la vie carcérale ? L’homme qui se sent profondément concerné, vraiment libre - c'est-à-dire affranchi de toute autorité intérieure et extérieure - est le seul véritablement révolutionnaire.
En quoi va donc consister l’action d’un tel homme ? Que doit-il faire ? travailler au sein de la société actuelle, ou rompre avec elle ? Une telle rupture ne signifie pas pour autant qu’il doive vivre en ermite, ou s’isoler en se berçant de suggestion qui l’hypnotisent. Il ne peut cependant pas agir en réformateur, car s’il se prête à de simples réformes, l’énergie, la pensée, la créativité sont alors dépensées en pure perte.
Que doit donc faire celui qui veut découvrir la réalité ? S’il se refuse à décorer les murs de la prison/société, et s’il voit parallèlement combien il est essentiel de mettre en œuvre une mutation radicale au sein de la relation qui lie les humains entre eux (relation de désir et de domination qui a engendré cette société terriblement inégalitaire) alors que va-t-il faire ?
Il n’est pas question d’une réforme du moi, mais au contraire d’une cessation totale du moi, de l’ego qui EST la société. Seul l’esprit qui s’affranchit du mouvement de la pensée — c’est-à-dire de l’influence qu’exerce la société et la culture (notre conditionnement) — seul cet esprit-la est capable de vivre dans le surgissement du présent, en contact avec la réalité (qui est l’inconnu).
Impossible dites-vous ? Vous pensez dur comme fer que nous ne pouvons pas vivre sans conflit ? Est-ce un fait ? une conclusion ? une vérité ? une idée enracinée ?
Voyons cela ensemble…
Ivan discutant avec le philosophe Jiddu krishnamurti (1895-1986)