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Blog d'Ivan Sigg

Blog d'Ivan Sigg

Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Alain Badiou et le profit (1ère partie)

Publié par Ivan Sigg sur 29 Janvier 2009, 13:42pm

Catégories : #Politique

Bonjour Alain Badiou
mes rĂ©flexions suite Ă  votre Interview dans  LibĂ© du 27 I 09
« Nous devons impérativement maintenir l’idée d’une société dont le moteur ne soit pas la propriété privée, l’égoïsme et la rapacité (…) le profit comme moteur de la vie sociale, c’est précisément ce dont le projet communiste veut débarrasser l’humanité » AB

    A première lecture, ma culture humaniste et ma pensĂ©e trouvent votre affirmation intĂ©ressante et vraie (Oui, je veux dissoudre la propriĂ©tĂ© privĂ©e,
au-delà de mon logement et de mes vêtements, ainsi que mon égoïsme et ma rapacité). Pourtant je vais essayer de montrer comment s’y glisse le faux qui produit divisions et conflits.
« Maintenir impérativement l’idée d’une société » c’est affirmer que j’ai déjà en tête l’idée (ou l’image) de la société future qui sera bonne pour les hommes. Je me pose donc comme celui qui sait (quelle illusion), et comme celui qui va tout faire (impérativement maintenir) pour changer la réalité afin qu’elle colle à mon idée. N’est-ce pas ce qu’ont fait tous les révolutionnaires du passé ? Leur volonté (leur désir) n’a-t-elle pas produit résistances, désillusions et souffrances ? Et surtout, en quoi leur « idée de société » a-t-elle produit un quelconque changement psychologique chez l’humain (peurs, croyances, colère, haine, rejet de la différence, désir d’accumuler, désir de pouvoir, cycle plaisir/souffrance, jalousie, identification, imitation… sont toujours là depuis 30000 ans))
« La sociĂ©tĂ© » ce n’est rien d’autre que les relations entre toi et moi, ici et maintenant. Alors pourquoi avancer cette « idĂ©e de sociĂ©tĂ© »  qui n’est qu’une projection de la pensĂ©e ? La pensĂ©e et le savoir sont limitĂ©s (ils ne peuvent donc que diviser) et le futur est une illusion. Il n’y a que ce qui est. Alors dois-je ĂŞtre attentif Ă  « l’idĂ©e de sociĂ©tĂ© » (un idĂ©al, un espoir) ou Ă  la relation qu’il y a entre toi et moi au prĂ©sent parce que c’est le prĂ©sent qui est infini et toujours renouvelĂ© et non ma pensĂ©e qui est vieille et mĂ©canique ?

Quant au « profit », essayons de voir de qui ou de quoi il est vraiment le « moteur » ? des capitalistes et « des dirigeants des grandes banques » ? La encore l’affirmation paraît vraie et pourtant s’y glisse le faux qui produit divisions et conflits. Le profit c’est l’accumulation de biens et d’argent, c’est le toujours plus, mais pourquoi personne ne se pose jamais la simple question de savoir pourquoi l’humain accumule ? Capitalistes et « dirigeants des grandes banques » sont ils les seuls à accumuler ? Pourquoi focaliser sur ces grands accumulateurs ? Pour ne pas se regarder soi-même avant de pointer un autre ou un ailleurs ? Alors la vraie question ne devient-elle pas pourquoi j’accumule ?
 Accumuler n’est-ce pas un mode d’être destructeur produit par notre pensĂ©e qui tente de remplir ce vide intĂ©rieur qui nous terrorise ? Nous pensons devenir quelqu’un Ă  travers ce que nous accumulons et possĂ©dons. Notre processus de pensĂ©e nous protège Ă  la fois du vide intĂ©rieur et aussi du prĂ©sent qui est l’inconnue permanente. Ainsi j’accumule des biens, de l’argent, des parts de marchĂ©, des profits, des territoires, des pouvoirs, des conquĂŞtes amoureuses ou sexuelles, et aussi du savoir, des connaissances, de la culture ? Est-ce que l’accumulation n’est-elle pas toujours de mĂŞme nature ? Est-ce que la vie ne vaut-elle pas que l’on se pose la question ?
Si l’accumulation de savoir technique m’est nécessaire pour construire un pont, l’accumulation de connaissances ou de biens m’est-elle nécessaire pour entrer en relation avec l’instant et avec l’autre ? Non, je constate que l’accumulation construit des murs et n’a de rapport ni avec l’attention au monde, ni avec la compréhension.

C’est donc tout le processus de la pensée qu’il faut révolutionner et non le profit ou le capitalisme (qui sont des productions de notre pensée à chacun).
Comment ? Par une attention totale de chacun à lui-même, à l’autre et au monde, sans identification, ni rejet ou jugement, sans recherche de satisfaction, une attention sans motif donc. Par un éveil ou chacun comprend ce qu’est l’ETRE et s’affranchit par là-même du DEVENIR. Par une révolution du système éducatif qui se libère de l’accumulation des savoirs pour développer la perception, l’expérience et l’épanouissement de l’être.


Accumuler les colères sociales ou les résistances ne change pas l’humain, augmenter les salaires non plus (parlons plutôt d'une échelle de 1 à 7), nous le constatons depuis des centaines d'années.
 

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