5h58, arrivée en gare de Dax. 6h10, Sauter dans le car SNCF pour Mont de Marsan. Rivière Adour boueuse hors de
son lit. Arènes à Corrida. Bains St Pierre. Thermes de l'avenue. "Campagne de ravalement des façades". "L'Épi gaulois": une ancienne pompe à essence devenue boulangerie, très fort ! "Le lapin
entier nu à 3,99€ le kg", chez intermarché. A la radio ça parle du tollé de la venue de Bachir el Hassad sur les champs le 14 juillet. "Vive les souliers à clous" aurait chanté François Béranger.
Le lapin nu se gondole dans sa gondole de mousquetaire. Hinx :"fête country de la bière avec musique ska" faut oser ! Et le "Boulanger, patissier, épicerie, journaux" c'est pas banal ça non plus.
Hinx possède ses petites arènes, vue de dessus c'est l'oeil de Hinx... De toutes parts, militairement allignées, les jeunes pousses de maïs dressent la tête. On dirait du muguetindustrielavec leurs deux longues
feuilles tombantes. "Salut aux échasses de Chalosse" pas facile à dire ! Tuiles mécaniques surtous les
toits. "Foie gras et confit" tout le long de la route. Gigantesque élevage de canards noir et blanc (pas muets)
aux déhanchements charlichapelinesques. Tant de maisons neuves qui se donnent des airs de villas romaines ! les vieilles bâtisses landaises aux toits à trois pentes ont une autre classe. Avec son
gros engin, le tondeur de talus de la DDE, tout vêtu d'orange fluo, ralentit le car et notre chauffeur peste. Un parfum d'herbe coupé,sexuel et acre,envahit soudain le car. Voilà
Montaut et ses palmiers. Dès que je relache mon attention la pensée tournoie, analyse, revient sur elle-même, s'emmêle et se noue inextricablement, totalement stérile. Rester attentif. Saint
Sever "Allez les filles, championnes de France de basket". Nouveau franchissement de l'Adour en furie. "On est en vigilance météo et c'est pas fini" me lance le chauffeur. De fait, ciel bleu et
nuages rosés disparaissent soudainement, une lumière du soir s'installe et on plonge dans une poisse noire et diluvienne. Discothèque "Le forum", joli nom. Délirant déluge de hallebardes. Arrivée
à la gare de Mont de Marsan. — "Comment faire pour être à Bayonne à 14h53 après mon rendez-vous ?— "Impossible, pas de train pour Bayonne, pas de car non plus, le seul de la journée vient de
partir. Faut aller à Bordeaux prendre un TGV mais j'ai que de la 1ére et ça fait 115€ ! Sans voiture vous êtes mort ici !". Traversée de la ville sous la pluie mais hilare. En passant le long des
arènes, je frôle un colosse de bronze qui tente de renverser un monstrueux taureau de bronze lui aussi. Tu as traversé la France pour apprivoiser un jury en 10 minutes; c'est le déluge; il n'y a
aucun moyen de transport pour repartir; ton oral est dans 4 heures et tu as 47 ans comme Barak Obama ! J'éclate de rire. Une Athéna constipée en bronze, de Bourdelle, guête devant l'église,
elle-même un tas de pierre rigide et sans grâce. Une femme prie avec, posé à côté d'elle, un paquet de radiographies. Je révise mon oral dans l'odeur d'encens et sous les colibets d'un St Jean
Baptiste guoguenard. Lieu silencieux mitoyen de l'hôtel du département où l'on va me transpercer de flèches tout à l'heure.