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Blog d'Ivan Sigg

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Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Le vieil homme se demande si les chinois se plaignent de l'insuffisance de verdure ? (Chapitre 49)

Publié par Ivan Sigg sur 28 Juin 2016, 08:26am

Catégories : #Dialogues, #instants de vie, #dessin

Le vieil homme se demande si les chinois se plaignent de l'insuffisance de verdure ? (Chapitre 49)

Moi : alors, c'est la forme ?

Vieil homme : bah ! Ici, personne ne se parle. Une forme de règle monacale pesante s'est installée incidieusement. Alors emmenez-moi où vous voulez, s'il vous plait, mais sortez moi de ce Château des rentiers.

Moi : hé bien sortons.

Vieil homme : merci vraiment de m'accorder cette entrevue exceptionnelle, obtenue sans aucun passe-droit, entee nous soit dit.

Moi : je suis votre dévoué serviteur. Tenez, voici deux dessins de modèle vivant, je vous laisse choisir celui que vous voulez pour la fête des beaux-pères.

Vieil homme : je prends celui-ci. Hé hé, on ne peut pas dire que ce soit le choix du hasard. Celui-ci a quelque chose de reposant. Celui que je ne prends pas est... Est... Est...troublant avec ses cheveux, ses yeux dure et ses seins fermes, mais pas autant que ceux de qui vous savez...

Moi : je l'accroche au mur de votre chambre. Voulez-vous aller aux toilettes avant de sortir.

Vieil homme : avec votre incitation manuelle, oui, toujours ! Et hop, le vieux déballe son matériel au dessus du lavabo, son fameux service trois pièces ha ha ha. Mais approchez, j'ai une question : pourquoi, depuis quelques années, me demandez-vous de parler en ne prononçant que les premières syllabes ?

Moi : là, vous dérapez Henri. Lavez-vous le machin et les mains et on y va.

Vieil homme : le dessin que j'ai choisi est celui qui a le plus d'humanité. C'est ce visage paisible qui m'a décidé.

Moi : vous avez certainement fait le bon choix. C'est le plus étrange avec cette modèle nue qui étreint un mannequin artificiel habillé.

Vieil homme : dites, j'ai vu un type tout là-haut, enveloppé dans un linceul noir et coincé entre deux cylindres. J'ai hésité à vous en parler et puis après un long conflit intérieur, j'en ai déduit que je ferais obstacle à ma nature si je cessais de parler et de chercher à comprendre, comme on tente de me l'imposer ici, à chaque repas.

Moi : allo Huston on a un problème !

Vieil homme : pensez-vous que cette femme qui arrive, va me reconnaitre ? Elle émet les vibrations intimes de ma femme, mais ce n'est pas ma femme. Étrange expérience.

Moi : laissons-la passer, vierges de toute appréhension, sans écouter nos peurs.

Vieil homme : je redécouvre l'importance de l'audition avec vous.

Moi : vous me flattez ?

Vieil homme : sans rire, vous allez avoir l'occasion dans les jours qui viennent, de tenir entre vos mains un appareil auditif qui va révolutionner la production de cérumen, ainsi que le type extraordinaire qui en a besoin... C'est à dire moi.

Moi : ha ha ha

Vieil homme : ne riez pas, bien au contraire. Je suggère, très humblement, à cette occasion, que vous approfondissiez votre connaissance des prothèses auditives. Honnêtement, je me dis qu'à l'aune de cette formation, vous serez le meilleur audioprothésiste de Paris... cela dit sans forfanterie familiale.

Moi : vous avez toujours de grandes ambitions pour moi.

Vieil homme : hé oui, après chauffeur de taxi, croquemort et commissaire de police, notre relation se précise et je vous verrais bien jongler avec des enclumes, des osselets et des tympans.

Moi : vous me faites rêver.

Vieil homme : avez-vous vu cet homme qui vient vers nous ( un aide soignant) ? Il rit sur ses dents et non juste derrière comme le commun des mortels ! Mais regardez-le, il a immédiatement un réflexe de palpation, c'est dans ses gênes... sans aucune gêne. Le jour ou il m'a pris dans ses bras puissants, pour me faire faire les quelques pas que je refusais de faire, j'ai été stupéfait. Nous avons ainsi traversé tout le couloir sans que mes pieds ne touchent le sol. J'ai volé en quelque sorte. Un moment extraordinaire. Mais au final, c'est le contact prolongé avec sa bosse pénienne qui m'a le plus troublé. C'eut été un mariage à la manière catholique, il n'aurait pas saisi autrement sa dulcinée.

Moi : votre description ne ressemble pas à une plainte.

Vieil homme : que voulez vous dire ? Les chinois se plaignent-ils de l'insuffisance de verdure dans leur assiette ? Non ? Alors !

Moi : heu, je, ne...

Vieil homme : écoutez-moi bien : il y a un contraste entre l'intensité des sensations amoureuses et la rigidité de ces colonnes.

Moi : allez-y, continuez, développez...

Vieil homme : hé bien, quand je suis arrivé à Paris en 1962, j'ai cherché du travail dans les garages des Chaix de Bercy. J'ai eu également une consultation dans la Gare de Lyon.

Moi : dans les chaix et dans la gare ?

Vieil homme : hé hé, mes oreilles pieds noirs, audiobaisées par des prothèses dites de haute technologie, ont une difficulté à entendre le mot "chaix" alors que le mot "gare" passe très bien.

Moi : et alors ?

Vieil homme : hé bien je vous prêterai mes oreilles si vous ne comprenez pas. RAaaarhg Fluuuuup ! Vous avez vu ce molard !? Trajectoire parfaite. Il y a même eu le bruit de l'atterrissage.

Moi : en fait vous entendez très bien, mais vous faites un tri sélectif ?

Vieil homme : dites, je crois que mes chaussures sont chauffantes...

Moi : Vous détournez la conversation de manière très habile. Voulez-vous les enlever ?

Vieil homme : ça vous intéresserait ?

Moi : non, pas du tout.

Vieil homme : c'est extraordinaire tout ce que nous pouvons voir, pour peu que nous regardions. Cette jeune femme là-bas par exemple, me fait les yeux doux. Je les lui rends, elle me les rends, je les lui rends encore, elle me les rend encore, mais c'est moi qui ai initié l'affaire.

Moi : draguer à 94 ans est un signe de bonne santé.

Vieil homme : c'est que j'ai cent ans mademoiselle ! Alors c'est maintenant ou jamais !

Moi : coquetterie, excusez-le, il n'en a que 94 !

Vieil homme : chut, elle doit penser que je suis son père... je devrais en profiter. Vous avez bien fait de m'amener ici, c'est très réussi tout ça.

Moi : content que ça vous fasse plaisir.

Vieil homme : ça n'a l'air de rien, mais pour résumer tout ce qui vient d'arriver... vous fréquentez régulièrement un certain sourd qui vous intéresse à un point que la décence ne préfère pas préciser... Un sourd qui dialogue assis à côté de vous, mais que nous ne nommerons pas... et vous êtes si à l'aise avec ses prothèses que sans en avoir l'air, vous allez embrasser en douceur une superbe carrière d'audioprothésiste qui marquera les esprits. Moi : ça c'est de la déclaration !

Vieil homme : méfiez vous, il y a une grosse demande et peu de réponses. Tenez, j'ai un autre glaire qui se prépare.

Moi : merci de me tenir au courant, c'est un vrai plaisir.

Vieil homme : savez-vous que ça n'a pas de goût. Celui que j'ai lâché tout à l'heure en offrande aux pieds de la jeune femme, était mal centré. Mauvaise trajectoire labiale. Ce serait mieux s'ils avaient un goût...

Moi : c'est sûr qu'à la fraise ou à la passion, on hésiterait à les expectorer (mais qu'est-ce que je dis, moi ???)

Vieil homme : avez-vous remarqué ? D'habitude je vous bassine avec du pissage de lavabo, mais là c'est avec du glaviotage de précision...

Moi : très honoré (il dit ça avec tellement de sérieux ! Je me retiens de pisser de rire)

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