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Blog d'Ivan Sigg

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Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Le vieil homme, en passant par les intestins, s'élève jusqu'à dieu (Chapitre 38)

Publié par Ivan Sigg sur 18 Février 2016, 23:24pm

Le vieil homme, en passant par les intestins, s'élève jusqu'à dieu (Chapitre 38)

(Chaque semaine, je vais dialoguer avec le vieil homme. Je pense à toi Marie-luce et te transmets tout mon courage et mes amitiés)


Vieil homme : vous alors ! Je peux dire n'importe quoi et ça passe toujours, hein ? Et en plus vous prenez des notes, c'est admirable !
Moi : je ne sais pas comment je dois le prendre...?
Vieil homme : il est bon ce putain de chocolat chaud, ha ha ha. Non seulement vous m'aidez à faire un caca au restaurant de coucous, mais vous allez jusqu'à me rouler mes crêpes pour me les fourrer au fond du gosier, sans une certaine appréhension de ma part, je dois l'avouer, car qui me dit qu'un jour vous ne l'enfoncerez pas un chouïa trop loin, cette putain de crêpe, ha ha ha. Avec le réchauffement et l'Internet on pourrait bien finir par gaver les vieux comme on gave les oies, avant de leur tordre le cou ! Ha ha ha
Moi : autant rire avec lui. Ha ha ha
Vieil homme : parfois, je me demande si vous ne riez pas par complaisance face au vieillard ?
Moi : pas du tout, vous me faites vraiment rire avec vos réparties, qui sont tantôt des fulgurances de jeune acteur primesautier, tantôt des répliques de vieux boulevardier aguerri.
Vieil homme : il n'en irait pas de même avec votre père, m'avez-vous laissé entendre ?
Moi : quelle mémoire !
Vieil homme : ceci étant éclairci entre nous, nous avons ici dans les parages, un type complètement obsédé par les os. Il me bassine à longueur de journée avec les insertions musculaires, et me bourre le crâne d'anatomie ostréicole. Il va jusqu'à présenter des dessins d'organes, au bout de baguettes brandies à bouts de bras.
Moi : de qui me parlez vous ?
Vieil homme : justement, j'y venais ! Votre écoute redoutable, qui n'excuse aucun écart, me fait penser qu'il faudrait mettre le mot "Caguer" à la place du mot "Chier" dans le Tome III bis du Robert.
Moi : cette désinhibition du sujet agé, ne serait-ce pas ce qu'on appelle le syndrome frontal, ou la Moria...?
Vieil homme : Oh, je dois vous annoncer que, respect dû à mon éloquence, on m'a demandé d'être rapporteur. Mais rapporteur de quoi ? Allez savoir... Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur raconter ?... Ah ! J'ai trouvé : maintenant que ma femme vit avec une autre femme, à 91 ans vous imaginez ! et que le bruit court qu'elle va bientôt accoucher d'une petite fille adoptée, il va y avoir une grande fête avec des gens qui gloutonnent des quantités de pâtes astronomiques. Mon sujet est tout trouvé.
Moi : le cerveau, comme les chats, cherche toujours à retomber sur ses pattes.
Vieil homme : je biglais donc vers la table voisine, quant on m'a demandé d'être rapporteur. C'est là que j'ai vu ma femme et sa petite amie, arborer des coiffes blanches de bretonnes polonaises. Incroyable, non ?
Moi : c'est tout votre récit qui est intriguant !
Vieil homme : et ça ne s'arrête pas là ! L'un de mes patrons, recruté à la fin de la guerre, avait comme infirmière une soeur religieuse dont le long vêtement ne laissait rien voir de son corps. Dès qu'elle avait le dos tourné, il disait, les yeux au ciel, " Elle doit avoir de ces jambes !"
Moi : ha ha ha
Vieil homme : vous savez, je suis heureux de déballer enfin tous les aspects cachés de ma personnalité.
Moi : ha ha ha il était temps !
Vieil homme : vous êtes à deux doigts de hennir ! Le cheval est un animal que je n'ai jamais fréquenté. C'est une belle bête, mais je n'ai aucune affinité pour lui. Paradoxe me direz-vous, car je suis l'organisateur du fameux Congrès du Cheval normand...
Moi : oui, terrible paradoxe, que vous résoudrez en quelques phrases, j'en suis sûr.
Vieil homme : c'est que je suis un champion de la parole. Vous voyez cette boite ? C'est mon cadeau de Noël pour vous, un peu en retard je l'avoue : ce ne sont ni des chocolats ni des crèmes pour les pieds. C'est tout simplement une bible en arabe, ha ha ha.
Moi : ha ha ha vous êtes un champion !
Vieil homme : c'est mieux d'être un champion de grammaire que champion des balloches ha ha ha
Moi : ha ha ha les balloches ? Vous voulez parler Des bals du samedi ou des burnes ?
Vieil homme : c'est cela même, les burnes funéraires ha ha ha ! Et pendant qu'on y est, je veux une messe pour mon enterrement avec un peu de musique classique. Pas de Boulez ! Du Bach s'il vous plait, sans hésitation. Et un supplément de 5 minutes de flute traversière me ferait plaisir, si ce n'est pas vous obliger.
Moi : c'est précis. J'en prends note. Enterrement ou incinération ?
Vieil homme : écoutez, il n'y a pas le feu. Il faut savoir accepter les réalités matérielles telles qu'on peut les voir, les entendre, les sucer, les brouter ou les engloutir. Il est clair que l'anatomie permet d'accéder aux trois grandes religions. On part des testicules et, en passant par les intestins, on s'élève jusqu'à dieu.
Moi : un exemple ?
Vieil homme : caguer en public et en tirer des règles de vie générales. Partir du concret, la cague, et la transubstancialiser en saintes selles à vénérer ha ha ha.
Moi : là on atteint des sommets de la Moria ! Desinhibition et euphorie inappropriée, ça fait beaucoup. Rire ou ne pas rire avec lui ? Les micro AVC ou les lésions frontales, fournissent un matériau linguistique inoui ! Pourquoi se retenir ? Ha ha ha

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