Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'Ivan Sigg

Blog d'Ivan Sigg

Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Le vieil homme a une braquoserie dans la tête (Chapitre 23)

Publié par Ivan Sigg sur 14 Septembre 2015, 14:26pm

Catégories : #Dialogues, #philosophie, #Photo, #dessin

Le vieil homme a une braquoserie dans la tête (Chapitre 23)

Moi : bonjour vieil homme.
Vieil homme : ha ha Vous étiez là ? Elle est bien bonne ! Quant à moi, je deviens anormalement silencieux. D'ailleurs, quelle tête me trouvez-vous ?
Moi : très bonne.
Vieil homme : Alors je vais pouvoir sortir ce soir, mais il faudra me donner un ticket de métro. Votre femme porte-t-elle toujours ses robes d'été à fleurs ?
Moi : non.
Vieil homme : comme c'est dommage ! J'ai vu mon ex gendre, il a changé. Il est plus réussi, je trouve. Quant à moi, j'ai retrouvé une démarche correcte, mais j'ai toujours cette présence intestinale embarrassante.
Moi : et avec les autres pensionnaires de la maison de retraite, comment ça se passe ?
Vieil homme : figurez-vous que ma femme est là ! Elle m'a avoué qu'elle m'avait ignoré pendant 88 ans, puis, le lendemain, elle s'est ravisée et a déclaré que j'avais été l'amour de sa vie.
Moi : alors tout va bien.
Vieil homme : oh, vous savez, ma vie a été très peu mouvementée...
Moi : à part le rapatriement d'Algérie...
Vieil homme : oui, vous faites bien de me le rappeler. J'avais mes idées. J'étais trop indépendant. Je faisais valoir mon identité. Je ne filais pas doux, et ça pour la réussite universitaire ce n'est pas bon. Étudiant, j'avais même développé une théorie originale sur l'amphysème. Il faut filer doux pour être bien vu.
Moi : je connais ça...
Vieil homme : le jour de mes 90 ans j'ai fait un AVC. Après, la nuit, j'ouvrais les robinets, j'avais une braquoserie dans la tête.
Moi : une ?
Vieil homme : j'étais braque, quoi, mais c'était une braquoserie intempestive.
Moi : ...(pas loin d'éclater de rire)
Vieil homme : ce soir, comme tous les soirs depuis quatre mois, je participe ici même, à un repas de représentation du monde arabe. Ça m'embête quelque peu. D'autant plus que la politique me dégoûte. Ça m'embête ces banquets, c'est froid, on mange mal.
Moi : ici dans la maison de retraite ? Mais qui sont les convives présents ?
Vieil homme : ce sont des fonctionnaires et des militaires à la retraite. Je ne sais pas ce que ça leur rapporte ? On m'a désigné comme représentant des prisons. Je suis à une table, où je me fais suer. Il y a un type qui a une particularité étonnante : jeune militaire il était en poste à Aumal, ma ville natale. Hé bien il peut me donner par coeur la liste de tous les bastions d'Aumal ! Incroyable non ?
Moi : et vous parlez de quoi avec vos voisins de table ?
Vieil homme : on ne parle de rien. La salle ne s'y prête pas, elle est assez froide dans son jus année 30 avec ses maitres d'hôtel noirs et maghrébins. Je continue à y aller car ça assure mon dîner et mes soirées.
Moi : prudent. Mais vous n'êtes là que pour dîner ?
Vieil homme : certains convives sont là pour défendre leurs noms de famille inscrits sur des étiquettes, et pour faire parler d'eux. On nous sert une nourriture arabe. Après quoi, on est prié de faire un don. Nous sommes des représentants de la France, servis comme des invités. Le plus drôle c'est que le roi du Maroc contribue au service et je peux vous dire qu'il ne laisse pas trainer ses gandouras.
Moi : c'est quoi cette histoire de gandoura ?
Vieil homme : On nous donne une nouvelle gandoura chaque jour mais que l'on ne doit pas exhiber... Ça n'est pas clair tout ça. Ce n'est pas une ambiance qui me convient.
Moi : il n'y a pas une personne intéressante ?
Vieil homme : il y a bien un écrivain connu qui vient par intermittence. Il a écrit sept nouvelles, mais Alzheimer ne lui permet même pas de se rappeler de son propre nom. Moi, je n'ai pas ce problème là, j'ai un nom très sonore et connu dans ce milieu et puis je représente la France sur le plan scientifique et médical. On me demande toujours quelle était ma spécialité alors je balance "les prisons et les taxis ! ". Ça calme ceux qui voudraient une consultation sauvage à propos de leurs hémorroïdes ou que sais-je, ha ha.
Moi : ha ha
Vieil homme : dites, en parlant d'hémorroïdes, votre pantalon multicolore et multicroisillons n'est pas banal.
Moi : c'est un tartan écossais
Vieil homme : oui, c'est osé, comme vous dites, mais je pencherais plutôt pour un imprimé d'homosexuel africain, si vous voyez ce que je veux dire...?
Moi :...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !