Quand l'art, l'éducation et la nature s'écoutent et dialoguent,
surgissent de la joie et du rayonnement
Il y a deux ans, l'association BullesZik, qui propose l'intervention de dessinateurs dans des collèges de Seine Saint Denis, me demande si je suis d'accord pour intervenir 9 séances de 3h dans le Collège Gustave Courbet de Romainville, sur le thème "Mon empreinte écologique". C'est ainsi que je me retrouve à faire observer, dessiner, écrire, réfléchir une trentaine de jeunes de 5ème (12/13 ans). Certains sont agités, certaines sont carrément rebelles, mais ils sont sympas dans l'ensemble et non violents. Le trompettiste Raphael Gaiotti, assistant d'éducation au collège, m'épaule à chaque séance, rétablissant le calme quand ça dérape verbalement.
Tout ce travail de découverte de leur collège, de leur ville et de leur propre créativité, débouche en juin 2014 sur une expo, un livret... et sur une étrange question "et si on transformait la friche de 12mx7m qui est au centre du collège, en un jardin japonais silencieux où l'on pourrait boire le thé !?"
Cette proposition fait sourire le proviseur M Olivier Catayée (élu à Romainville) et son adjointe Mme Baya Bali, qui nous soutiennent depuis le début. Ce qu'ils ne me disent pas c'est qu'ils rêvent d'un jardin japonais à cet endroit depuis leur prise de fonction 7 ans auparavant !!!
Septembre 2015, l'association BulkesZik et la direction du collège m'annoncent que le budget est trouvé pour réaliser le jardin japonais : 1200€ de matériel (+ 9 séances de 3h d'intervenant) !
J'accepte avec joie de mettre en route le projet pendant 2 séances de réflexions et d'élaboration pour permettre au génial jardinier, Baptiste Moderat d'Otemar de se familiariser avec la classe. Puis durant 7 séances je lui passe le témoin. Il va alors avec les élèves (sans compter ses heures et ses allers-retours) créer, terrasser, décaisser, tailler, rocailler, anti-rhizomer, planter...
Baptiste, plein de ressources, trouve des donateurs de rochers sur le Bon coin, certains clients lui donnent des plantes, un prof de maths donne un coup de main, la proviseur adjointe fabrique des barrières en bambous avec les élèves, deux ouvriers du collège tendent des câbles pour les plantes grimpantes, un prof de SEGPA retourne la terre avec ses élèves... bref l'histoire collective et le jardin sont une vraie réussite ! Même les récalcitrants osent salir leurs Nike et Force One , mettre les mains dans la terre, transporter "un horrible compost qui pue!", et arrivent dorénavant en avance !!!
Un blog du jardin est créé (avec les élèves) par Nathalie Blot qui dirige le CDI.
lors d'une séance supplémentaire d'écriture, nous préparons tous ensemble l'inauguration. Il s'agit de travailler la transmission orale de cette histoire car chaque élève va devenir l'ambassadeur de ce jardin auprès de leurs copains, des familles et d'autres écoles ! On parle même d'un jumelage avec une école japonaise !
Je reviens avec Baptiste inaugurer le jardin, sous une bonne pluie, au milieu des parents et quelques élus de la ville et du conseil général.
Dans un deuxième temps, nous inviterons les ministères de l'éducation, de la culture et de l'écologie, puis nous inviterons François Xavier Delmas du "Palais des thés" pour lui parler de nos envies de thé vert japonais...
Tous nous souhaitons partager cette aventure, mais nous avons le temps car ce jardin va croître et n'atteindra sa vraie forme que dans cinq ans.
Les élèves doivent maintenant se responsabiliser et élaborer une "charte d´usage" de cet espace "d'attention silencieuse".
Nous espérons obtenir vite l'arrosage automatique car pendant les longues vacances scolaires les plantes pourraient souffrir...
Sur une suggestion d'une journaliste, nous imaginons déjà un travail d'écriture des ressentis sur et autour du jardin au cours des prochaines années.