Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Blog d'Ivan Sigg

Blog d'Ivan Sigg

Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Le vieil homme qui voyait des tigres (8)

Publié par Ivan Sigg sur 3 Mai 2015, 13:18pm

Catégories : #Dialogues, #dessin

Dans le cerveau du vieux qui voyait des tigres, il y a un arbre d'étonnement qui se ramifie en permanence

Dans le cerveau du vieux qui voyait des tigres, il y a un arbre d'étonnement qui se ramifie en permanence

Visite 8 à l'Hôpital

Vieil homme : je vais vous faire visiter les lieux, attendez-vous à un éblouissement !
Moi : mais je suis déjà venu vous voir de nombreuses fois...
Vieil homme : ah ? Regardez, voilà une maison du XIXème, c'est le pavillon Joséphine, Baker ou impératrice, vous pourriez nous le décrire avec vos connaissances architecturales ?...Et en face, c'est une des curiosités de la capitale, un demi cercle collé à un autre demi cercle (un bâtiment arrondi en béton des années 80, assez laid). D'où l'architecte a-t-il bien pu tirer une inspiration aussi puissante (Alexandre et Sandoz associés) ? Je ne sais pas... Et quel silence ! Vous entendez ? Admirez les fleurs... La fleur vient bien en ces lieux. Et puis nous avons un grand parc, anciennement lié à cet hôtel particulier central qui est le lieu de l'administration, de ce qu'il faut bien appeler un hôpital. Mais le parc est inaccessible car nous sommes à la limite de notre affaire.
Moi : ah...
Vieil homme : Voilà un banc particulièrement intéressant. Quand on est couché dessus, il est très difficile de se relever. Remarquez-vous comme il est souple sous la fesse ? Cela provoque d'intéressante sensations dans le bassin.
Moi : effectivement ;)
Vieil homme : admirez les arbres logés dans ce cadre. Voilà un cèdre bleu. J'ai même vu un figuier et des palmiers hier...
Moi : un figuier ?
Vieil homme : Avez vous remarqué que mon pantalon tombe chaque fois que je me promène? J'ai aussi des chaussettes de contention et des chausses locales fabriquées par des infirmières habiles.
Moi : et si on lisait ces panneaux qui offrent des extraits de poèmes ?
Vieil homme : j'aime beaucoup cette promenade poétique. "Patience dans l'azur"... Paul Valéry habitait dans notre quartier. "Les parfums de bière"... Ah ! Raimbaud. Et Victor Hugo, c'est bien ça. C'est mieux de mettre de la poésie dans les lieux publics que cette musique de Music hall qu'on entend partout.
Moi : ha ha
Vieil homme : Hé ! mon pantalon se débine.
Moi : laissez-moi faire, je vais vous le remettre. Il vaudrait mieux le fixer avec des bretelles la prochaine fois.
Vieil homme : un observateur qui serait témoin de cette scène de reculottage se dirait qu'ils sont terribles ces orientaux avec leurs tendances inverties et leurs poses nues à poil...
Moi : ???
Vieil homme : on peut tout se dire, hein ? ce demi cercle architectural si moderne, vous ne trouvez pas qu'il a une originalité dans le paysage français ? À propos d'originalité, la musique dévore toujours votre fils ? Son début de carrière est une réussite. Tenez, ce banc par exemple, est rigide, aucun intérêt pour la fesse. Charles Baudelaire, c'est vraiment beau " Comme de longs échos qui de loin se confondent / Dans une ténébreuse et profonde unité / Vaste comme la nuit et comme la clarté / Les parfums, les couleurs et les sons se répondent."
Moi : Très beau.
Vieil homme : entre nous, ce mur que vous voyez là-bas est bien trop énorme pour moi, ce n'est pas par là qu'il faut s'échapper, et ils le savent. Si vous aviez un ticket de métro, cela m'arrangerait. En cas d'urgence, je sortirais tout droit jusqu'à la station Chardon Lagache.
Moi : vous ne pouvez pas sortir sans autorisation car vous avec des pertes d'équilibre et des moments de confusion...
Vieil homme : je ne comprends pas ce que vous me dites. Au fait je vous ai parlé du tigre ?
Moi : oui, de nombreuses fois.
Vieil homme : parfait, alors vous êtes au courant. C'est un type dans mon genre qui se promène et il se retrouve en pleine rue face à un énorme tigre. Il est terrorisé bien sûr. Il avise deux agents de police qui trainaillent dans le coin : "Ne voyez-vous pas le tigre qui s'apprête à me bouffer ?" Les policiers ne connaissent pas le langage tigre, qui d'ailleurs finit par disparaitre. " C'est une invention de ton cerveau " m'a dit un de mes petits enfants, ha ha ha.
Moi : c'est moi qui vous ai dit ça.
Vieil homme : vous êtes vraiment un pseudo père pour moi.
Moi : un pseudo fils peut-être ?
Vieil homme : oui, si vous voulez

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !