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Blog d'Ivan Sigg

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Carnet quotidien d'un Artiste Peintre Romancier,performeur en peinture digitale animée, consultant en innovation et créativité


Le vieil homme qui aura cent ans dans sept ans (7)

Publié par Ivan Sigg sur 6 Avril 2015, 21:18pm

Catégories : #instants de vie, #Dialogues, #iPad, #Tagtool, #Digital Painting

Alfred Jarry le dramaturge pataphysicien était aussi graveur et dessinateur

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Le père UBU d'Alfred Jarry animé sur Tagtool Play

Visite 7 à l'hôpital

Vieil homme : vous arrivez pile poil au bon moment, c'est extraordinaire. Vous savez, je vais avoir cent ans dans sept ans ! il faut tout revoir à zéro ! Quel choc votre arrivée. Le vieillard baveux en est tout retourné.
Moi : ha ha ha
Vieil homme : il rit tellement qu'il y a un oiseau qui va sortir de sa braguette. Je viens juste d'aller faire un tour dehors et hop vous arrivez ! C'est incroyable ! Là franchement vous exagérez presque, tant la synchronicité est belle. Cela ferait plaisir au pauvre Jung. Nos rencontres tiennent de la magie. Ce que j'ai à vous dire est énorme comme vos ongles de pouce : j'arrive de la mosquée..., non de l'église de l'enfant jésus.
Moi : ha ha ha
Vieil homme : Ne riez pas, j'ai vu Mitterrand là-bas, je lui ai parlé, je l'ai félicité pour sa prestation.
Moi : Quelle prestation ?
Vieil homme : Il aidait les gens à monter et descendre de voiture. Grand voiturier en quelque sorte. Belle fin de carrière. mon plan était le suivant : regroupement à l'église, baptême et visite à ma femme. Hélas je suis allé de décepture en déceptation ! J'ai eu un vrai choc en voyant ces prêtres si vieux ! Au point où je me demandais si je ne faisais pas erreur. Et puis personne de connu. Bon, nous prenons la route par les sentiers et nous allons rejoindre les Urgences où ma pauvre femme est sensée se trouver. Hélas elle n'y était pas. Mon idée était 1) de la reconnaitre, puis 2) de lui annoncer qu'elle avait été convertie au catholicisme sans le savoir. 3) qu'elle était remariée à un catho. 4) Qu'elle avait changé de nom. Choc viscéral vous pouvez imaginer !?
Moi : tenez, prenez un gâteau.
Vieil homme : On appelait ça une "tête de nègre" avant, mais depuis les évènements d'Algérie, on appelle ça "un merveilleux", allez comprendre. Ils sont bons mais fabriqués en connivence avec le syndicat des cardiologues. Il en suffit d'un seul pour vous boucher les artères, ha ha ha.
Moi : laissez-moi vous couper vos ongles de sorcier.
Vieil homme : attention quand vous coupez, la viande n'est pas loin.
Moi : Vous en étiez au nouveau mari de votre femme.
Vieil homme : oui, son nouveau mari s'en va par les chemins jusqu'au village où nous nous trouvons actuellement (l'hôpital) pour nous remarier tous les deux. Homme versatil, non ? Je la ramène donc chez nous, en vieille nouvelle mariée catholique avec grignotages habituels en chemin.
Moi : impressionnant.
Vieil homme : Aller chercher l'épouse morte qui avait ressuscité dans la nuit, c'est sympathique de ma part, non ? Je suis très fier de cela. Vous savez, si on ne pense pas aux détails de ce que l'on doit faire, on se perd.
Moi : très juste.
Vieil homme : j'ai l'habitude de prendre deux chambres dans ce village (l'hôpital). Une première avec un double jet pour évacuer ses matières, achalandée en rouleaux de papier juif rose que l'on déroule selon les plis pour se torcher en douceur. L'anus est reconnaissant. Quant à la deuxième chambre, très luxueuse, attribuée pour le même tarif, le tout pas cher, je m'y allonge pour la nuit selon les règles de la fameuse organisation que vous connaissez.
Moi : Et vous avez de nouveaux bas de contention ?
Vieil homme : figurez-vous que j'ai abordé cette journée mémorable avec ces bandages de momie égyptienne aux pieds entièrement enroulés à la main par les infirmières. Ce matin au temple, j'étais très fier de ces bandelettes, même si j'avais le pantalon aux chevilles car elles avaient oubliées mes bretelles. J'avançais donc de profil comme les momies. ha ha ha. C'est très dangereux pour marcher, on risque de se casser le nez. L'Egypte n'est plus ce qu'elle était. D'ailleurs, comme mon ami X Je tiens à la sonnerie au mort avec deux trompettes pour mon départ. Quand vous avez cette musique dans vos oreilles, juste à la fin de votre vie, c'est tout de même quelque chose ! Personnellement ça me fait monter au ciel.
Moi : ha ha ha
Vieil homme : mes aventures ne sont rien à côté de celles de mon ami X, c'est un véritable martyr. Il était aveugle de naissance. Il a attrapé la tuberculose. Sa femme a couché avec son père, accouchant donc de son demi-frère. De son côté il a dispersé son sperme aux quatre coins du monde. Il a finalement tué son père involontairement en lui refilant sa tuberculose.
Moi : incroyable !
Vieil homme : si je vous le dis ! Je vous montrerai mes sous vêtements, ça vaut la peine, ils datent de l'Algérie, j'ai de l'allure là dedans.
Moi (proche du fou rire) : je suis touché.
Vieil homme : Ce village (l'hôpital) a quelque chose d'idéal avec ses arbres, ses piliers et ses arcades. Seul votre départ imminent m'angoisse un peu. Hé oui, l'angoisse monte de savoir comment je vais rentrer chez moi ce soir, sans argent.
Moi : mais vous dormez à l'hôpital
Vieil homme : très juste ! ...Vous savez que vous êtes l'homme de mon entourage que je préfère il y a même de l'amour, je crois, dans notre relation.
Moi : Oui, de l'amour paternel et filial
Vieil homme : C'est exactement ça. Et vous comprenez pourquoi ?
Moi : Parce que la relation est facile avec vous, et puis on rit bien ensemble. Parce que vous êtes curieux, passionné par ce que font les autres, par leurs choix de vie, sans jamais les juger, plein d'encouragement.

Vieil homme : et aussi parce que tout ce que vous faites est extraordinaire et n'est pas reconnu à sa juste valeur. Je le pense.

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