Il fait beau. Je me dis " Et si tu partais dans Paris en quête d'érotisme, d'innocence, de naïveté et de sensualité ?" J'étais donc en mode pleins feux, les sens en alerte, la vigilance au max, et c'est comme ça que je suis tombé sur cette scène inouïe de l'ours tragique et de sa souris bucheronne. Comme j'étais de l'autre côté de la rue, j'ai traversé pour m'intéresser au menu du restaurant chinois devant lequel ils s'écharpaient. J'étais ainsi collé contre eux, au point de pouvoir sentir le parfum de la fille et la sueur du gars.
La caresse du soleil vient dissoudre la nuit
Les volets baillent aux fenêtres
Le rire des merles dansent dans les platanes
effleurant la beauté des femmes.
LUI a un air de bon gros nounours ahuri. ELLE est jolie, nez pointu, toute frêle, et tient une bûche sous le bras ! Ils ont environ 25 ans.
ELLE : je te dis que c'est fini.
LUI : tu ne peux pas faire ça !? Je t'aime.
ELLE : et voilà ! C'est quand je t'échappe que soudain tu te rappelles que tu m'aimes. Sinon je suis ta potiche, ta cruche, ton sac à viande.
LUI : ben non. j'ai toujours été là. On s'aime. Je comprends pas.
ELLE : tu ne te rappelles de rien ? J'ai affaire à un fou ou un malade ? Toujours rentré à pas d'heure de l'agence. Des réunions par-ci. Des potes de boulot par-là. Des heures devant la télé avec tes séries nazes...Ou simplement un pauvre type ? (Elle part avec sa bûche)
LUI (il crie) : tu t'en vas comme ça avec ton putain de billot de bois sous le bras, sans même te retourner ? Hé !
ELLE (sans se retourner) : ouais, comme ça, parce que sous ton air de bibendum t'as le crâne dur comme du chêne.
LUI : et notre amour, nos bonnes petites bouffes et l'érotisme, tout ça ?
ELLE (elle revient et crie) : parlons-en ! T'as l'érotisme d'une poutre !
LUI : gueule pas ! On va pas se séparer comme ça... sur le trottoir... devant un restaurant chinois... en se donnant en spectacle ?
ELLE : le spectacle c'est toi, connard laquais ! Tu t'es vu dans la glace ? T'es devenu une loque mon pauvre.
LUI : Et toi avec ta bûche, t'as l'air fin. Tu vas où avec ça ?
ELLE : je suis passé à l'appart. C'est tout ce que j'emporte. Tout le reste me file la gerbe. Cette bûche c'est toi. Je vais aller la faire crâmer chez une copine. Une fois qu'elle sera partie en fumée c'en sera définitivement fini de notre histoire. Pfuiiit !
LUI : tu es ma sorcière bien aimée. J'adore ton nez pointu.
ELLE (elle part) : c'est ça ! tu me donnes des idées, je vais planter des aiguilles dans la bûche avant de la foutre au feu.