La vie d'artiste. On en parle peu. On la fantasme, on l'idéalise, mais beaucoup ne voudraient pas la vivre. Trop floue, trop incertaine. On n'en donne pas les détails, on n'en raconte que les aspects positifs. Et l'artiste participe à ce jeu là, qui ne raconte pas les échecs et les accidents, histoire de ne pas entrer dans la plainte ni se déprécier aux yeux du public.
La vie d'artiste. C'est une liberté décrétée qui se nourrit d'une prise de risque quotidienne (risque technique, risque psychique, risque financier...). Car cette liberté est toujours à reconquérir. Sur soi-même avant tout. Une drôle de liberté construite avec la confiance de sa conjointe ou conjoint. En cette rentrée par exemple, quatre de mes projets viennent de se dissoudre par email : un atelier/conférence avec des cadres d'une grande entreprise ; un workshop dans une école de Toulouse ; des interventions dessinées dans un congrès de psy; et hier une belle expo de peinture avec sortie de livre...
Conclusion : créer en permanence, sans certitudes, sans objectifs, sans attente d'aucun retour financier ou d'estime, et en lançant quotidiennement des bouteilles/projets à la mer.
La vie d'artiste (pour celui qui est attentif) est alors un mouvement permanent fait de rebonds, de rencontres, de cheminements ératiques : voici que mes miroirs/lampes/paysages réalisés en 2010 intéressent à nouveau des particuliers ; qu'une de mes oeuvres numériques (tirée sur papier) va être exposée et publiée dans un livre de la galerie Contraste de Fribourg (Suisse) ; que se discutent les modalités d'une exposition passionnante à Nara au Japon En 2016 ; que ce 8 octobre j'interviendrai dans le spectacle EMPREINTES au musée de la chasse à Paris avec la Compagnie du Singe Debout; qu'une marionnettiste géniale, découverte au Théâtre de la cité universitaire, s'intéresse à ma pièce Animalamlet ; et qu'enfin l'éditeur américain pour qui j'avais dessiné il y a trois ans vient enfin de me payer une partie de ce qu'il me doit...
Incroyable la vie d'artiste, non ?
"Tu nous étonnera toujours" m'a dit mon beau-père (92 ans) aujourd'hui au téléphone.
Oui étonner les autres et s'étonner soi-même.